Marc avait toujours été un homme ambitieux, avide de succès, de confort et d’admiration. Marié depuis dix ans à Élise, une femme douce et dévouée, il avait longtemps donné l’image d’un époux exemplaire. Mais lorsque le diagnostic est tombé — cancer du sein à un stade avancé — quelque chose en lui a changé. Ce n’était pas la peur de la perte ni la douleur de voir sa femme souffrir… c’était l’égoïsme nu et brutal qui s’est éveillé en lui. Il ne voulait pas être l’homme d’une mourante. Il voulait vivre, briller, séduire.

Rapidement, Marc a trouvé une maîtresse. Jeune, belle, insouciante, elle lui faisait oublier l’odeur des hôpitaux et les nuits d’angoisse. Et un jour, sans plus de remords, il a quitté Élise. Il n’a pas assisté à ses dernières chimios. Il n’a pas été là quand elle a perdu ses cheveux. Il n’était pas là non plus quand elle a prononcé ses derniers mots.
Mais Élise, elle, n’avait rien oublié.
Avant sa mort, aidée par son notaire et une amie proche, elle a rédigé un testament précis, détaillé, cruel dans sa lucidité. Elle avait transformé son chagrin en acte de justice.
Le jour de la lecture du testament, Marc s’attendait à hériter de la maison, des économies, des bijoux de famille. Il était même venu accompagné de sa maîtresse, déjà impatiente de voir leur avenir doré s’ouvrir devant eux.
Mais le notaire a lu d’une voix calme :
« À mon époux, Marc, je ne laisse rien. L’homme qui m’a abandonnée dans mes jours les plus sombres ne mérite ni mon amour, ni ma mémoire, ni mes biens. Tout mon héritage ira à la recherche contre le cancer et à ceux qui m’ont entourée jusqu’à la fin. »
Marc a blêmi. Le silence dans la pièce était lourd, tranchant comme une lame. Sa maîtresse s’est éloignée sans un mot.
Et dans ce moment de vérité, Marc a compris que certaines pertes sont irréparables. Pas seulement celles d’un héritage, mais celles de l’âme.