L’histoire de Mathis a bouleversé toute l’unité de soins intensifs pédiatriques de l’hôpital Sainte-Claire à Lyon. Cinq années de silence. Cinq années durant lesquelles un enfant est resté couché, immobile, entre la vie et la mort. Et lorsqu’il a enfin ouvert les yeux… ce qu’il a dit a glacé le sang de toute l’équipe médicale.
Mathis n’avait que neuf ans lorsqu’un accident de voiture a bouleversé sa vie. Sa mère conduisait. Il pleuvait. Un camion les a percutés à une intersection. Sa mère s’en est sortie avec quelques blessures. Mathis, lui, a plongé dans un coma profond.

Pendant cinq longues années, il est resté dans cet état : les yeux fermés, le visage paisible, mais sans réaction. Les médecins parlaient d’un coma non réactif. Les chances de réveil étaient minces. Les parents se relayaient chaque jour à son chevet, lui lisaient des livres, lui parlaient de l’école, de son petit chien, de ses amis.
Puis, un matin d’avril, quelque chose d’étrange s’est produit. Une infirmière, en entrant dans la chambre de Mathis, l’a vu tourner légèrement la tête. Elle a cru rêver. Mais quelques heures plus tard, il a ouvert les yeux.
Il était confus, très faible, mais conscient.
Les premiers jours, il n’a presque rien dit. Il regardait autour de lui, fixait longuement les visages, comme s’il essayait de les reconnaître. Il hochait la tête à certaines questions, esquissait de rares sourires.
Puis, lors d’un entretien avec le neuropsychologue, il a murmuré une phrase qui a fait frissonner tout le personnel :
— Je les entendais. Tout ce qu’ils disaient. Tout ce qu’ils faisaient.
Il affirmait avoir été conscient, enfermé dans son propre corps, sans pouvoir parler, ni bouger. Un « enfermement vivant », comme certains le décrivent. Il entendait les médecins parler de « débrancher », sa grand-mère pleurer, les disputes de ses parents, les voix tristes et parfois même résignées. Mais ce n’est pas cela qui a choqué le plus.
Un jour, seul avec une psychologue, il a raconté une série d’événements qui n’avaient jamais été révélés à l’extérieur : des conversations privées entre membres du personnel médical, des commentaires irrespectueux, des gestes déplacés. Il a décrit en détail ce que personne ne pensait qu’un « légume » puisse percevoir.
« Je n’étais pas mort. J’étais là. Et j’avais peur. »
L’hôpital a ouvert une enquête interne. Plusieurs membres du personnel ont été suspendus. Les parents de Mathis, effondrés d’avoir ignoré la conscience de leur fils si longtemps, ont décidé de médiatiser son histoire pour sensibiliser le public aux comas et aux états de conscience minimale.
Aujourd’hui, Mathis suit une longue rééducation. Il apprend à parler plus clairement, à marcher, à tenir un crayon. Il a 14 ans. Il sourit rarement, mais lorsqu’on lui demande ce qui lui a permis de tenir, il répond doucement :
— La voix de maman. Même quand elle ne croyait plus, elle parlait quand même. Elle ne m’a jamais laissé seul.
Ce que Mathis a vécu reste un mystère médical, mais aussi un témoignage bouleversant sur ce que signifie être vivant.
Et pour ceux qui pensaient qu’il n’entendait rien pendant ces cinq ans, il n’a qu’une phrase :
— J’étais là. Vous, vous ne m’avez juste pas vu.