Il fut un temps où elle fuyait les miroirs, où chaque regard posé sur elle lui rappelait qu’elle ne correspondait à aucune norme de beauté dictée par les magazines ou les réseaux sociaux. On se moquait d’elle, on l’appelait des noms blessants, et même ses proches lui conseillaient parfois d’«éclaircir» sa peau pour être «plus belle».

Aujourd’hui, cette même femme foule les plus grands podiums du monde. Elle s’appelle Nyakim Gatwech, surnommée par certains «la Reine des ténèbres», non pas par mépris, mais comme une célébration de sa beauté hors du commun. Avec sa peau d’un noir intense, presque irréel, elle a renversé les codes, imposé une esthétique nouvelle, et redéfini la notion même de beauté.
Mais le chemin n’a pas été facile. Née dans un camp de réfugiés, elle a grandi entre deux mondes : celui de la fierté culturelle, et celui du rejet social. Pendant des années, elle a cru que sa peau était un fardeau. Ce n’est qu’à l’âge adulte, en découvrant la photographie de mode, qu’elle a commencé à se voir autrement — non plus comme «trop noire», mais comme unique.
Très vite, les regards ont changé. Ce que l’on jugeait autrefois «trop extrême» est devenu une signature recherchée. Les grandes marques se l’arrachent, les stylistes la placent au centre de leurs campagnes, et les jeunes filles à la peau foncée trouvent enfin en elle un modèle d’identification.
«Je ne veux pas seulement représenter la beauté noire. Je veux qu’on comprenne que la beauté n’a pas de limite, ni de teinte», dit-elle fièrement lors d’une interview récente.
Aujourd’hui, elle ne baisse plus les yeux devant un miroir — elle les lève, avec assurance. Parce que ce reflet qu’elle voyait autrefois comme une malédiction est devenu une force. Un symbole. Une révolution.