Je n’avais jamais été du genre à me méfier. Mon mari, Marc, était attentionné, calme, et toujours tendre avec notre fille de cinq ans, Inès. Mais depuis quelque temps, quelque chose en moi ne tournait pas rond. Un pressentiment. Une sensation étrange quand je partais travailler et les laissais seuls à la maison.

Je ne voulais pas croire à un mal. Alors j’ai installé une petite caméra dans le salon, dissimulée dans une étagère. Je me suis dit que j’étais paranoïaque, que je cherchais à me rassurer. Rien d’autre.
Mais ce que j’ai vu en regardant les enregistrements a bouleversé tout mon monde.
Non, il ne lui faisait pas de mal. Il ne criait pas, ne levait jamais la main. Au contraire.
Il dansait.
Tous les jours, dès que je partais, il mettait de la musique ridicule – des comptines, des chansons pour enfants – et se mettait à danser comme un fou pour faire rire notre fille. Il faisait le clown, tombait exprès, imitait des animaux, chantait faux à pleins poumons. Et Inès riait. Un rire pur, franc, qu’elle ne partageait jamais autant en ma présence.
Je suis restée là, devant l’écran, en larmes.
Je pensais surveiller, contrôler, peut-être découvrir un problème… Mais j’ai vu un père. Un vrai. Qui se lâchait quand personne ne regardait. Qui aimait sa fille sans limites, sans honte, sans besoin d’être applaudi. Juste pour la voir sourire.
Ce jour-là, quelque chose en moi a changé. Non pas parce que j’ai découvert un secret sombre… mais parce que j’ai vu la beauté d’un amour discret. D’un amour silencieux, sincère, et infiniment fort.
Et je ne regarde plus jamais mon mari de la même façon.