Dans une petite ville du sud de la France, entre collines tranquilles et ruelles oubliées, se trouvait une vieille bâtisse que tout le monde appelait la Maison Blanche, bien que sa façade ait depuis longtemps perdu sa couleur d’origine. Située au bout d’une impasse, elle était abandonnée depuis plus de vingt ans. Les enfants du quartier passaient devant en retenant leur souffle, les volets toujours fermés, la végétation grimpant sur les murs comme si la nature elle-même tentait d’effacer son existence.

Personne ne s’en approchait.
Certains disaient qu’une vieille dame y avait vécu seule, qu’elle était morte sans que personne ne s’en rende compte. D’autres prétendaient que la maison était maudite — quiconque y entrait n’en ressortait jamais vraiment le même. Mais au fil du temps, les légendes s’étaient tues, comme la maison elle-même. Elle était devenue une partie du décor, ignorée, oubliée.
Jusqu’à cette nuit d’octobre.
Un bruit impossible
Il était 2h37 du matin lorsque Marc Lemoine, un professeur à la retraite vivant à deux maisons de là, se réveilla en sursaut. Ce n’était pas un rêve. Il avait entendu quelque chose. Pas un cri. Pas un choc. Un son plus subtil. Comme une chaise raclant lentement un vieux plancher.
Il se leva, ouvrit sa fenêtre, tendit l’oreille.
Silence.
Mais alors qu’il s’apprêtait à refermer, il l’entendit à nouveau. Un pas. Puis un autre.
Dans cette maison censée être vide.
Il resta figé, le cœur battant, les sens en alerte.
Le lendemain matin, il en parla à sa voisine, Claire. Elle haussa les épaules :
— Probablement un chat. Ou un renard. Tu sais, ces vieilles maisons font du bruit toutes seules.
Mais Marc n’en était pas convaincu. Ce qu’il avait entendu n’était pas animal. C’était humain.
L’obsession commence
Les nuits suivantes, il guetta. Et chaque nuit, le bruit revenait. Toujours vers la même heure. Parfois des pas. Parfois un léger claquement. Une fois, il crut entendre une voix — ou un soupir. Il nota les heures, les sons, leur durée. Il en devint presque obsédé.
Une semaine plus tard, il n’y tint plus. Armé d’une lampe torche, il décida d’entrer dans la maison. La porte arrière, à moitié dévorée par l’humidité, céda sans difficulté. L’intérieur était poussiéreux, figé dans le temps. Des meubles recouverts de draps blancs, des tableaux à moitié effacés, une horloge arrêtée à 12h04.
Mais personne.
Pas un signe de vie récente. Pourtant, chaque nuit, les bruits continuaient.
Ce que la police a découvert
Marc finit par appeler la police, craignant qu’un squatteur, peut-être malade ou dangereux, se soit installé à l’intérieur. Deux agents vinrent inspecter les lieux de fond en comble. Et là, dans le grenier, ils firent une découverte troublante : une trappe dissimulée sous des planches, menant à une petite pièce souterraine. Elle n’était pas sur les plans. Ni même visible à l’œil nu.
À l’intérieur, une chaise, une ampoule nue, un lit de fortune… et des dizaines de carnets.
Ils contenaient des textes, écrits à la main, dans une écriture fine et méthodique. Des journaux intimes. Mais pas ceux d’une personne ordinaire. Chaque carnet décrivait la vie des habitants du quartier — leurs horaires, leurs habitudes, leurs disputes, leurs secrets. Des observations sur des années. Quelqu’un vivait ici, caché, et observait tout.
Mais il ou elle avait disparu.
Une disparition inexpliquée
Malgré les recherches, aucune trace de cette personne. Pas d’empreintes, pas d’ADN. Les caméras de la rue, rares et anciennes, ne montraient rien d’anormal. Le mystère resta entier.
Certains disent que c’était un ancien agent des services secrets, revenu finir ses jours dans l’anonymat. D’autres parlent d’un écrivain reclus, devenu fou. Ou d’un esprit prisonnier de la maison.
Marc, lui, ne dort plus vraiment la nuit.
Car parfois, très tard, il entend à nouveau ces pas.
Et cette fois, il est sûr qu’ils viennent de chez lui.