Tout l’internet s’était jeté sur cette image, comme si elle cachait une vérité qu’aucun de nous n’était prêt à entendre.

Et pourtant, malgré des millions de regards braqués sur elle, personne — absolument personne — ne savait ce qu’il voyait réellement.

J’avais beau fixer l’écran, j’avais la même expression perdue que les autres. Ce n’était pas une simple vague virale. Il y avait dans ce silence numérique quelque chose qui grinçait, quelque chose qui ressemblait trop à une menace.

Au premier regard, ce n’était qu’un fragment flou, une lueur étrange, un contour qui refusait de prendre forme. Mais plus je l’observais, plus je sentais que cette confusion n’était pas un défaut… mais une intention. Comme si quelqu’un avait volontairement laissé un vide, un trou dans lequel nos pensées se noyaient.

Les commentaires se multipliaient, tous plus contradictoires les uns que les autres. Certains parlaient d’illusion optique. D’autres, d’une expérience secrète. Et puis il y avait ceux qui affirmaient avoir vu quelque chose de semblable — dans le reflet d’une vitre de bus, au fond d’une cave abandonnée, ou juste avant une panne de courant inexpliquée dans leur quartier.

Puis un détail glaçant a émergé.
L’image semblait… différente.

Rien de massif, rien de spectaculaire. Juste un déplacement infime, un changement de ton, de contraste, de distance. Le genre de détail qui vous fige, parce que vous ne pouvez pas prouver que vous l’avez vu — mais vous savez qu’il était là.

Le chaos a éclaté quand un internaute a publié sa capture d’écran:
l’objet sur l’image paraissait avoir avancé d’un pas.

Un seul.
Mais c’était suffisant pour faire basculer les gens dans la panique.

J’ai ri. Sincèrement, j’ai ri — ce rire nerveux, presque fragile, qu’on laisse échapper quand le monde devient trop étrange pour être affronté. Mais le rire est mort aussi vite qu’il est né.

Parce qu’à peine quelques minutes plus tard, j’ai reçu un message privé d’une femme qui semblait authentique, réelle, vivante:
pas un bot.

Elle m’a écrit seulement:

« Effacez ce fichier. Il ne doit pas rester sur votre appareil. S’il change encore, vous ressentirez ce que nous avons ressenti. »

Ce « nous » m’a brûlé comme une goutte d’acide.
Qui étaient-ils?
Que voulaient-ils dire par ressentir?
Et surtout — comment savait-elle que l’image changeait?

J’ai voulu répondre.
Son profil avait disparu. Pas supprimé: effacé, comme si on l’avait arraché du tissu même d’internet.

C’est alors que cela s’est produit.

L’image sur mon écran a vibré. À peine. Comme un souffle contre la peau, une ombre qui frôle une porte entrouverte. J’ai retenu mon souffle, paralysée par un instinct que je n’avais jamais connu auparavant.

Et lorsque j’ai rouvert les yeux, l’objet avait avancé encore.
Un deuxième pas.
Plus près.

Trop près.

Peut-être que personne ne s’était trompé.
Peut-être que nous ne comprenions rien simplement parce que la compréhension est devenue un luxe que quelque chose — ou quelqu’un — ne nous accorde plus.

La question n’est donc plus : Qu’est-ce que c’est ?
La vraie question, la seule, celle qui ronge le silence:

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