« Maman, je suis sous terre. » — dit le fils soldat, disparu depuis longtemps, dans un rêve à sa mère accablée de chagrin. « Je suis vivant — aide-moi. »

Depuis trois ans, elle vivait dans le silence. Un silence pesant, déchirant, celui qui suit une disparition sans explication. Clara avait tout perdu le jour où l’armée lui avait annoncé que son fils, Mathieu, envoyé en mission à l’étranger, était porté disparu. Aucun corps retrouvé. Aucune trace. Juste une lettre officielle et un vide impossible à combler.

Mais cette nuit-là, tout changea.

Clara s’était endormie sur le vieux canapé du salon, une photo de Mathieu serrée contre elle. Dans le silence profond de la nuit, un rêve s’imposa à elle avec une clarté troublante. Elle se tenait au milieu d’un champ sombre, et soudain, elle l’entendit.

« Maman… »

Elle se retourna. C’était lui. Debout, pâle, les yeux cernés, vêtu de son uniforme de soldat. Mais ce n’était pas une apparition paisible. C’était un appel désespéré.

« Maman, je suis sous terre. Je suis vivant. Aide-moi. »

Sa voix était brisée, son regard implorant. Puis, aussi vite qu’il était apparu, il disparut dans l’obscurité du rêve.

Clara se réveilla en sursaut, le cœur battant, le souffle court. Elle savait que ce n’était pas un simple rêve. C’était un message. Elle le sentait dans ses os. Une mère reconnaît la voix de son fils, même à travers le sommeil.

Le lendemain, elle contacta l’armée. On la prit pour une femme dépassée par le chagrin, mais elle insista. Inlassablement. Elle fouilla les rapports, consulta d’anciens camarades de son fils, engagea même un enquêteur privé.

Et contre toute attente, des incohérences apparurent. Des zones jamais fouillées. Des signaux oubliés. Une mission de recherche fut relancée discrètement.

Deux mois plus tard, dans une région reculée, on découvrit un vieux bunker abandonné. À l’intérieur, affaibli mais vivant : Mathieu. Il avait survécu. Prisonnier, caché, oublié — mais pas par sa mère.

Lorsqu’ils se retrouvèrent enfin, il la serra contre lui et murmura :

« Je savais que tu m’entendrais. »

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