Vacances volées : confidences d’un homme en cavale sentimentale

Il riait aux éclats, la voix pleine d’assurance et le ton un brin provocateur. Autour de lui, ses amis l’écoutaient avec une attention mêlée de curiosité et d’amusement. Assis en terrasse d’un café parisien, un verre de vin à la main et la cravate à moitié défait, il savourait autant ses souvenirs que l’effet de ses mots.

« Une semaine entière au bord de la mer, les gars. Un vrai paradis ! Une suite avec jacuzzi, champagne au petit-déjeuner, couchers de soleil dignes d’une carte postale… et elle. »

Elle, c’était sa maîtresse. Une femme rencontrée par hasard — ou peut-être pas — lors d’un séminaire professionnel. Élégante, vive, dangereusement libre. Loin de l’épouse patiente et prévisible qu’il avait laissée derrière lui, elle représentait l’interdit, l’excitation, la parenthèse dans une vie parfaitement tracée.

Il décrivait les journées comme on parle d’un rêve éveillé : massages en duo, dîners les pieds dans l’eau, nuits sans fin. Il riait, mais ce rire sonnait trop fort, trop appuyé, comme pour étouffer un doute. Ses amis souriaient, mais certains baissaient les yeux. Il ne voyait pas les silences, ni les regards échangés. Il ne voyait pas non plus, loin de là, ce qui l’attendait à son retour.

Car ce que cet homme ignorait encore, c’est qu’au moment même où il faisait le récit de son escapade amoureuse, quelqu’un d’autre — sa femme — racontait sa propre version de l’histoire, avec moins de rires et bien plus de lucidité. Elle avait vu les relevés bancaires. Elle avait lu les messages. Et surtout, elle avait eu le temps de réfléchir.

Le vrai dénouement de cette semaine volée ne se jouait donc pas à la terrasse d’un café, mais dans le salon d’une maison bien trop silencieuse à son retour. Là où l’attendait un sourire — pas d’accueil, mais de revanche.

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