Tonya Morel, 27 ans, pensait vivre le plus beau jour de sa vie. Dans le petit village de Castelnau, niché au cœur de l’Occitanie, tout était prêt : la robe en dentelle brodée, la vieille église couverte de lierre, le banquet dans la grange rénovée de son grand-père. Elle allait épouser Julien, son amour d’enfance, l’homme doux et loyal qui l’avait demandée en mariage après dix ans d’amitié devenue passion.

Mais une semaine avant la cérémonie, alors qu’elle revenait du marché avec sa mère, une vieille femme s’était approchée d’elle. Une gitane à la peau burinée, aux yeux noirs comme du charbon. Elle n’avait pas demandé d’argent. Elle avait simplement pris la main de Tonya et chuchoté d’une voix rauque :
« Tu ne survivras pas à ta nuit de noces. »
La mère de Tonya l’avait aussitôt repoussée, traitant ses mots de superstitions ridicules. Mais dans le cœur de la jeune femme, une graine de peur s’était plantée. Et plus les jours passaient, plus l’inquiétude grandissait.
Le mariage eut lieu comme prévu. Tout était magnifique. Les rires, les danses, les larmes de joie. Tonya tenta d’oublier la prophétie. Elle se disait qu’une malédiction ne pouvait rien contre l’amour sincère.
Mais la nuit venue… tout changea.
À peine arrivée dans la maison familiale, où les jeunes mariés devaient passer leur première nuit, Tonya ressentit une étrange lourdeur dans l’air. Julien monta chercher une bouteille de vin restée dans la voiture, tandis qu’elle entra seule dans la chambre. Elle alluma la lumière. Rien d’anormal. Mais soudain, elle vit quelque chose dans le miroir.
Son propre reflet… ne bougeait pas.
Elle se retourna brusquement. Personne. Mais le reflet, lui, restait figé, la fixant avec des yeux qu’elle ne reconnut pas. Puis la pièce devint glaciale. La lumière grésilla. Et dans un souffle à peine audible, elle entendit :
« On t’avait prévenue. »
Julien la retrouva inanimée, allongée sur le sol, le visage figé de peur. Elle avait survécu — physiquement. Mais depuis ce soir-là, Tonya ne parla plus jamais. Les médecins parlèrent d’un choc psychologique extrême. Mais sa mère, elle, se souvient de la gitane. De ses yeux noirs. Et de l’avertissement murmuré entre les stands du marché.