Elle s’est fait retirer les oreilles et le nez pour devenir une «femme dragon» — et affirme être née reptile

Par Élise Montreuil | Magazine Surnaturel & Corps Extrêmes


Il y a des métamorphoses qui défient l’entendement humain. Des corps qui deviennent des œuvres d’art, des cris de douleur ou des affirmations d’identité radicales. C’est le cas de Tiamat Legion Medusa, une Américaine qui a consacré sa vie entière à une transformation totale, irréversible — devenir une créature mi-femme, mi-dragon.

Mais Tiamat ne se considère pas comme une humaine transformée. Non. Elle affirme, calmement, sans provocation : «Je suis née reptile. J’ai été assignée humaine à la naissance par erreur.»


Une transformation hors norme

Ce que Tiamat a fait subir à son corps dépasse les modifications corporelles classiques comme les tatouages ou les piercings. À 61 ans, elle a subi plus de 30 interventions chirurgicales majeures. Elle s’est fait retirer les oreilles. Elle a fait aplatir son nez. Sa langue a été fendue en deux. Ses yeux ont été tatoués d’un vert profond et toxique. Son corps est recouvert d’écailles dessinées à l’encre. Des cornes en silicone ont été implantées sous sa peau. Et sur son front, deux cicatrices symétriques — vestiges d’une opération où ses arcades sourcilières ont été remodelées pour ressembler à celles d’un reptile.

«Mon corps est un temple reptilien», déclare-t-elle avec fierté, dans un salon de tatouage texan, alors qu’elle se fait injecter une encre luminescente sous la peau.


Une quête d’identité… ou de survie ?

Mais au-delà du choc visuel, l’histoire de Tiamat est profondément humaine. Née sous le nom de Richard Hernandez dans un quartier conservateur du Texas, elle a grandi dans la peur, le rejet et l’abus. Enfant transgenre, elle raconte avoir toujours senti qu’elle n’était pas comme les autres — non seulement dans son genre, mais dans son essence même.

«Je ne me suis jamais sentie humaine. Il y avait une froideur en moi. Une mémoire ancienne. Des instincts. J’étais un reptile piégé dans un corps de primate.»

Pendant des années, Tiamat a vécu comme banquier d’affaires dans une grande institution financière. Costume-cravate le jour, cauchemars la nuit. Une tentative de suicide a tout changé. Elle a survécu — et décidé de ne plus jamais jouer un rôle qui n’était pas le sien.


Rejetée par la société, adorée par certains

Sa transformation a attiré critiques, moqueries et même menaces de mort. Beaucoup la voient comme folle, d’autres comme dangereuse. Mais dans les milieux underground, elle est devenue une icône. Un symbole de libération absolue, de rébellion contre les normes du genre, de l’espèce, de l’esthétique.

Sur ses réseaux sociaux, elle partage son quotidien : les soins post-opératoires, les rendez-vous médicaux, les tatouages en cours. Mais aussi des messages d’amour. Car oui, la «femme dragon» reçoit des centaines de lettres chaque semaine. Certaines de fans, d’autres de personnes en détresse qui trouvent en elle un miroir, un refuge, une preuve que l’on peut exister hors des cases.


Science, mythe et vérité intérieure

Les psychologues s’interrogent : souffre-t-elle de dysmorphie extrême, ou s’agit-il d’une forme radicale de transidentité ? Faut-il pathologiser, ou au contraire écouter ?

Pour Tiamat, la question ne se pose même pas : «Je suis née ainsi. Ce que vous voyez aujourd’hui, c’est ma vraie nature. Mon corps est maintenant aligné avec mon âme.»


Et après ?

Tiamat ne compte pas s’arrêter là. Elle envisage encore des greffes de peau texturée, des extensions osseuses et peut-être même une chirurgie pour allonger sa langue davantage. Certains parlent de délire. Elle parle de vérité.

Dans un monde où l’on peine encore à accepter la différence, Tiamat Medusa défie les frontières : entre l’homme et la femme, l’humain et l’animal, le réel et le mythe. Et qu’on l’aime ou qu’on la rejette, elle nous force à nous poser la question : jusqu’où peut-on aller pour devenir soi-même ?

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