Ce matin-là, tout semblait normal à la clinique vétérinaire de Saint-Laurent. Les premiers rendez-vous défilaient comme d’habitude : un chat enrhumé, un chien anxieux, un lapin blessé à l’oreille. Rien ne laissait présager ce qui allait suivre.
Vers 9h20, notre assistante Élise est entrée en trombe dans le cabinet, les yeux écarquillés.
« Il y a un cerf… devant la porte. Il nous regarde. »

Pensant à une simple divagation animale – ce qui, dans notre région boisée, n’était pas si rare – nous sommes sortis prudemment, armés de calme et de curiosité. Et effectivement, un jeune cerf se tenait là, immobile, haletant, les yeux vifs mais étrangement fixés sur nous.
Mais ce n’est pas sa présence qui nous a glacé le sang.
Autour de sa patte arrière droite, il y avait quelque chose. Une sorte de lien métallique, serré, rouillé… et accroché à un morceau de corde bleue. En s’approchant, nous avons compris : ce n’était pas un piège de chasse ordinaire.
C’était un dispositif bricolé, illégal, avec des traces de sang séché et… un petit symbole gravé dans le métal. Un symbole qu’aucun de nous ne reconnut immédiatement, mais qui semblait trop précis pour être un hasard.
Nous avons immobilisé doucement l’animal pour le libérer – mais dès que nous avons vu les détails de ce piège, une seule pensée nous est venue : il faut prévenir la police.
Ce n’était plus seulement une urgence vétérinaire. C’était peut-être la preuve d’un acte criminel — ou pire, d’un message laissé volontairement.
Depuis ce jour, l’affaire est entre les mains des enquêteurs. Le cerf, lui, s’est remis. Mais nous, nous n’oublierons jamais ce matin-là… où la forêt a envoyé un messager jusqu’à notre porte.