Au début, personne ne comprenait.
Le chien — un magnifique berger allemand, calme et attentif — refusait de quitter le chevet de cet homme allongé, silencieux, amnésique. On ne savait pas d’où l’animal venait, ni comment il avait trouvé l’hôpital. Il était simplement apparu un matin, assis devant la porte de la chambre 213. Et quand quelqu’un ouvrait, il entrait, s’allongeait aux pieds du lit… et ne bougeait plus.

Le patient ne parlait pas. Il avait été retrouvé inconscient après un accident de voiture. Aucun papier sur lui. Aucune empreinte dans les bases de données. Juste un regard perdu… et ce chien qui semblait le connaître mieux que personne.

Le personnel de l’hôpital hésitait. Fallait-il faire sortir l’animal ? L’envoyer dans un refuge ? Mais chaque tentative de l’éloigner se soldait par des aboiements plaintifs, des griffes sur la porte, une détresse presque humaine. Alors, on l’a laissé rester.

Les jours ont passé. Puis des semaines. L’homme ne retrouvait toujours pas la mémoire, mais il commençait à réagir à la présence du chien. Il lui parlait à voix basse, lui caressait la tête. Parfois, il souriait.

Et puis, un soir, tout a changé.

L’homme s’est réveillé en sursaut, les yeux humides, et a prononcé un mot, un seul : « Rex. »
Le chien a levé la tête, s’est approché, et a posé son museau contre sa poitrine.

Ce n’était pas juste un chien.
C’était son chien. Son seul lien avec sa vie d’avant.
Son compagnon fidèle…
Celui qui l’avait retrouvé, guidé par l’instinct pur et la loyauté qu’aucun accident n’avait pu effacer.