Un peu de silence, un peu d’air. Rien d’autre. Mais ce que j’ai vu… m’a bouleversé bien plus que je ne l’aurais imaginé.

Ce matin-là, je ne cherchais rien. Ni révélation, ni surprise. J’avais seulement besoin de m’éloigner. Du bruit. Du monde. De tout ce qui colle à la peau sans qu’on s’en rende compte.

Je voulais du vide.

Alors je suis parti dans la forêt derrière le village. Celle où l’on n’entend que les pas sur les branches mortes et le chant hésitant des merles. J’ai marché longtemps, sans but, bercé par le froissement des feuilles sous la brise. La lumière était encore douce, filtrée par un brouillard tenace. Je ne pensais à rien

.

Et c’est là que je l’ai vu.

Un arbre.

Pas plus grand que les autres. Pas plus vieux. Pas plus tordu. Et pourtant… il y avait en lui une présence. Une sorte de silence plus profond que tout ce que j’avais connu. Une immobilité vivante. Une force tranquille, comme si le monde entier avait retenu son souffle à cet endroit précis.

Je me suis arrêté. J’ai levé mon téléphone. Juste pour capter l’image, l’étrange dessin de ses branches dans la brume. Une silhouette noire contre le gris du matin.

Et puis… un frisson.

Quelque chose, à travers l’objectif. Un mouvement infime. J’ai cru que c’était le vent. Ou une illusion d’optique. Je me suis figé. Et soudain, je l’ai distingué.

Un enfant.

Non. Une forme. Petite, floue. Debout près de l’arbre. Trop immobile pour être réelle. Trop réelle pour n’être qu’un mirage. J’ai baissé le téléphone. Il n’y avait rien. L’arbre seul. Silencieux. Comme s’il m’observait.

J’ai relevé l’appareil.

La forme était toujours là.

Mon cœur a cogné dans ma poitrine. C’était une silhouette d’enfant, nue, pâle, translucide. On aurait dit qu’elle était faite de lumière figée. Elle ne bougeait pas. Mais dans son regard, il y avait quelque chose. Une tristesse sans âge. Une attente. Comme si elle m’avait reconnu. Comme si elle m’attendait, moi.

Je suis resté pétrifié, incapable d’appuyer sur le bouton. Puis, lentement, elle a levé la main. Un geste à peine esquissé, mais chargé d’une tendresse étrange. Et elle a disparu.

Plus rien.

L’arbre. Le brouillard. Mon souffle court.

Je suis resté là longtemps. Peut-être une heure. Peut-être dix minutes. Je ne sais pas.

Je n’ai jamais retrouvé cet arbre. J’ai refait le chemin cent fois. Rien. Pas même une trace. L’image a disparu de mon téléphone. Comme si rien n’avait existé.

Mais je me souviens. De l’arbre. De la lumière. Et du regard de cet enfant invisible.

Et parfois, quand je ferme les yeux, j’ai l’impression qu’il est toujours là. Qu’il m’attend. Pas pour me faire peur.

Mais pour me rappeler que le silence… n’est jamais vraiment vide.

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