La salle était pleine à craquer. Des centaines d’étudiants en toge, des familles émues, des professeurs fiers. L’air vibrait d’une certaine solennité : c’était la cérémonie de remise des diplômes dans une prestigieuse université de la région.
Sur l’estrade, le recteur prononçait son discours. Un discours comme tant d’autres : sur l’effort, le mérite, l’avenir.
Mais soudain, il s’interrompit.

Il regarda vers la gauche de la scène, là où un homme en tenue de travail poussait discrètement un seau et une serpillière. Un agent d’entretien.
— « Excusez-moi, dit le recteur en posant ses notes. Avant d’aller plus loin… je voudrais vous présenter quelqu’un. »
Un murmure parcourut l’auditoire.
— « Cet homme s’appelle M. Diallo. Cela fait 27 ans qu’il travaille ici. Chaque matin, avant que les portes ne s’ouvrent, c’est lui qui nettoie vos amphithéâtres.
Chaque soir, quand vous rentrez chez vous, c’est encore lui qui efface les traces de votre passage. Quand le chauffage tombe en panne à 6 h du matin, il est déjà là. Quand il y a une fuite, un carreau cassé, un couloir inondé… il est là.
Vous ne l’avez peut-être jamais salué.
Mais sans lui, rien de ce que nous célébrons aujourd’hui n’aurait été possible. »
Le silence. Puis une ovation debout.
M. Diallo, les yeux humides, restait figé, balai à la main, incapable de dire un mot. Ce jour-là, pour la première fois, c’était lui qu’on applaudissait.
Et quelque part, dans chaque diplôme remis, il y avait un peu de sa présence invisible, de son travail silencieux, de sa fidélité humble et constante.