Pendant vingt ans, Camille et Julien avaient rêvé de ce jour.
Ils s’étaient rencontrés à l’université, séparés par les aléas de la vie, puis retrouvés à l’aube de leurs quarante ans. Ce mariage n’était pas une simple formalité — c’était l’accomplissement d’une promesse silencieuse, faite dans un autre temps.

Tout avait été soigneusement planifié. Le lieu : un vieux manoir en Bourgogne, transformé en domaine de réception. L’ambiance : bohème chic, guirlandes suspendues aux arbres, tables rustiques, musique en direct. Les invités venaient de toute la France.
Mais dès leur arrivée sur place, quelque chose sonnait faux.
La lumière semblait… anormalement faible, même en plein jour. Un des traiteurs fit une chute étrange dans la cour. La robe de Camille, livrée depuis Paris, arriva tachée, comme si elle avait été traînée dans la poussière. Le fleuriste, sans explication, annula le matin même, prétextant une urgence familiale. Et la pianiste engagée pour la cérémonie quitta soudainement le domaine en larmes, refusant de parler.
Mais le pire arriva pendant la soirée.
Au moment de porter le toast, la coupe de Julien se brisa dans sa main — sans qu’il ne la serre. Le vin coula sur sa chemise blanche, comme du sang. Un silence étrange tomba sur les invités. Puis, alors que Camille s’approchait, une rafale de vent traversa la salle, soufflant toutes les bougies… alors que les portes et fenêtres étaient fermées.
Un des invités, historien à ses heures perdues, s’approcha du couple et demanda :
— Vous savez ce qui s’est passé ici, autrefois ?
Camille et Julien secouèrent la tête.
— Ce manoir… appartenait à une femme, autrefois promise à un homme qui l’abandonna la veille de leur mariage. Elle se serait pendue dans cette même salle, un soir d’orage. Depuis, chaque union célébrée ici finit mal.
Julien rit nerveusement. Camille, elle, ne souriait plus.
Les jours suivants, leur vie bascula lentement.
Problèmes de santé. Disparitions d’objets. Cauchemars récurrents. Des lettres anonymes dans leur boîte. Et cette sensation glaçante, chaque nuit, que quelqu’un les regardait dormir.