Le village de Saint-Laurent-du-Bois n’avait jamais vu quelque chose de pareil. Ce matin-là, le ciel était couvert d’un gris profond, comme si lui aussi portait le deuil. Les habitants s’étaient rassemblés devant l’église pour les funérailles de Jean-Michel Lambert, un homme discret mais aimé de tous, connu pour sa gentillesse, sa voix posée… et surtout pour sa relation presque mystique avec les chevaux.

Jean-Michel n’avait pas eu d’enfants. Il vivait seul, dans une petite ferme aux abords de la forêt de Chantebrume, entouré de silence, de champs… et de ses chevaux. Il ne parlait pas beaucoup des gens, mais il parlait à ses bêtes. Et ceux qui l’avaient vu dans l’écurie affirmaient qu’il ne leur donnait pas seulement des ordres — il leur confiait ses secrets.
Mais le plus spécial d’entre eux était Ulysse, un grand cheval noir à la crinière indomptée et au regard presque humain. Il était plus qu’un compagnon. Il était son reflet. Les deux étaient inséparables, comme deux âmes qui s’étaient reconnues bien avant les mots. Et lorsque Jean-Michel était tombé malade, Ulysse ne l’avait pas quitté d’un sabot.
Le jour des funérailles