C’est avec un cœur brisé que je vous écris aujourd’hui.

Nos mots trébuchent encore, nos gestes sont lents, comme si le temps lui-même s’était figé autour de nous. Mais il faut pourtant le dire, même si chaque syllabe brûle : notre petite fille de deux ans, ce visage d’ange qui illuminait nos journées, nous a quittés… Elle s’est envolée vers les étoiles.

Parfois, j’ai l’illusion qu’elle joue simplement à se cacher — qu’elle va surgir du couloir avec son rire clair, sa poupée serrée contre elle. Mais la réalité, implacable, revient frapper : la maison est trop silencieuse, trop grande, trop vide sans elle.

Sa petite couverture repose encore sur le coin du lit, comme si elle allait revenir d’un instant à l’autre. Son parfum — ce mélange de lait chaud et de crème douce — flotte encore dans l’air, cruel rappel d’un bonheur qui s’est brisé trop tôt. Une minuscule barrette rose attend près de la fenêtre… Elle ne l’a jamais portée.

Hier, je me suis assis sur le sol de sa chambre.
Simplement assis.
Comme quelqu’un qui ne sait plus où poser ses pas.
J’ai regardé la lueur fragile de sa veilleuse, ce « petit château de lune » comme elle l’appelait, et une seule question tournait en boucle : comment le monde peut-il encore continuer? Comment les rues peuvent accueillir des rires, des conversations, de la musique… quand notre univers s’est effondré en silence?

On croit toujours qu’on aura le temps… jusqu’à ce qu’il s’arrête.

À l’hôpital, il n’y avait plus que le souffle coupé, les yeux vides, les mains glacées. Les médecins parlaient — des mots rationnels, nécessaires — mais rien ne traversait vraiment. Nous n’entendions qu’une phrase, chuchotée comme une excuse : « Elle ne souffre plus. »
Paradoxalement, c’est cette phrase qui nous a transpercés le plus.

Depuis, chaque pièce de la maison semble nous interroger :
« Pourquoi êtes-vous revenus sans elle ? »
Et nous n’avons pas de réponse.

La nuit, quand toute la ville dort, j’ai parfois l’impression d’entendre le bruit de ses petits pas, légers comme une caresse d’air. Peut-être que c’est la mémoire qui se joue de moi.
Ou peut-être que l’amour, lui, ne meurt jamais. Il reste, suspendu entre deux mondes, cherchant encore nos bras.

La tristesse française n’est jamais un cri.
Elle brûle doucement, comme une bougie qu’on croit éteinte mais qui continue de veiller dans l’obscurité. C’est cette flamme secrète qui nous empêche de tomber entièrement.

Nous ne demandons pas de mots.
Nous demandons simplement une pensée, un souffle, une prière murmurée à votre manière : un regard vers le ciel, un geste tendre envers un enfant, une seconde de silence.

Elle n’a vécu que deux petites années parmi nous — deux années comme deux battements d’aile.
Mais quelle lumière elle a laissée derrière elle…
Son rire continue de vibrer dans les murs.
Et peut-être est-ce cela, au fond, qui nous permet encore de tenir debout.

Si un jour on vous dit que les anges partent trop tôt, croyez-le.
Ils ne savent pas vivre à moitié.
Ils viennent nous montrer la pureté de l’amour, puis repartent là où la lumière ne s’éteint jamais.

Ce soir, le ciel semble différent.
Et là-haut, bien au-dessus du bruit des hommes, une nouvelle étoile brille plus intensément que les autres.
Nous connaissons son nom.

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