L’air devint plus lourd, presque solide, comme si la maison elle-même retenait son souffle. Les policiers ne disaient rien. Le chien, lui, s’était pétrifié — poils hérissés, gorge vibrante d’un grondement si discret qu’il en devenait inquiétant.
— Vous voyez ça ? murmura l’un d’eux.
— Attends… il y a quelque chose.
À première vue, cela ressemblait juste à un amas d’objets oubliés. Des planches, des tissus, des restes de meubles. Mais la caméra descendue dans le gouffre révéla peu à peu une scène que personne n’était préparé à contempler.
Au centre… un vieux fauteuil.
Et dans le fauteuil… une silhouette.

Pas tout à fait morte.
Pas vraiment vivante.
Quelque chose entre les deux, comme si le temps avait hésité à faire son travail.
Le corps semblait desséché, amaigri jusqu’à l’os, mais il était assis droit, presque dignement, les mains posées avec une précision troublante sur les accoudoirs. La tête, légèrement inclinée, donnait l’impression que la personne écoutait encore — un murmure, un souvenir, un secret.
— C’est… une momie ?
— Non. Pas assez vieux. Pas assez… normal.
Le mot « normal » se perdit dans la poussière. Le chien recula brusquement, comme s’il avait senti quelque chose que les humains ne pouvaient pas supporter.
Les policiers descendirent. Non par bravoure — par devoir. Le sol craquait sous leurs pas, comme si chaque planche protestait. Lorsqu’ils atteignirent le fond, une odeur étrange les frappa. Pas la puanteur habituelle de la mort. Non. Quelque chose de tiède. De vivant.
Ce qu’ils virent alors les cloua sur place.
Autour du fauteuil, soigneusement alignés sur le sol humide, se trouvaient des jouets d’enfants : des peluches, des petites voitures, des poupées aux visages effacés par la poussière. Alignés comme des offrandes. Comme si quelqu’un venait ici régulièrement… pour tenir compagnie à la silhouette dans le fauteuil.
L’un des policiers se pencha et ramassa un petit lapin en peluche.
À ce moment-là, la silhouette bougea.
Pas un sursaut.
Pas une convulsion.
Un mouvement lent, presque gracieux — comme une personne que l’on réveille trop tôt, trop brusquement.
Puis les yeux s’ouvrirent.
Et le silence devint une menace.
Ces yeux étaient vivants.
Mais le regard… vide.
Pas le vide de la mort — le vide d’un esprit qui a fixé trop longtemps l’obscurité jusqu’à y percevoir quelque chose.
— Aidez-moi… souffla la silhouette. — Ils sont encore là.
Un frisson glacé traversa la colonne du policier.
— Qui est là ?
La silhouette leva un doigt faible et pointa vers une fente sombre derrière le fauteuil.
La lumière révéla une ouverture dans la paroi — un tunnel étroit, comme une gorge avalée par la terre.
Et au fond… des reflets.
Un premier.
Puis un deuxième.
Puis une multitude.
Des yeux.
Petits. Trop immobiles. Trop nombreux.
Ils observaient.
Ils attendaient.
Comme s’ils jugeaient si l’entrée de la lumière signifiait qu’il était enfin temps de sortir.