Chaque nuit, la sensation revenait, lourde comme une main posée sur ma nuque : quelqu’un était là, dans ma maison.

Au début, ce n’était que des bruits discrets. Un craquement du parquet, si léger qu’on aurait pu croire à un soupir du bois. Un choc étouffé, comme si un meuble avait été effleuré. Parfois un froissement, semblable au glissement d’un tiroir qu’on ouvre avec trop de prudence.

Je restais immobile dans le noir, incapable même de respirer normalement.
L’idée me traversait comme un frisson aigu : quelqu’un marche chez moi.

Le matin, les anomalies commençaient.
Mon téléphone, posé la veille sur le bureau, se retrouvait sur mon lit.
Des vêtements étaient jetés sur une chaise alors que je me souvenais clairement les avoir rangés.
Certaines affaires semblaient déplacées, fouillées, comme si une main étrangère avait cherché quelque chose que je n’avais jamais caché.

Je me répétais que c’était la fatigue. Le stress. L’imagination nocturne.
Mais le doute, lui, prenait racine.

Une nuit, le sentiment devint presque insupportable : j’avais la conviction brûlante que quelqu’un me regardait. Pas agressivement — non. Avec une intensité étrange, presque tendre… et c’est justement cela qui m’a glacé le sang.
Alors j’ai décidé de poser une caméra. La vérité, même monstrueuse, me semblait moins dangereuse que cette incertitude qui me rongeait.

Le lendemain matin, je me suis assise devant l’écran.
Et ce que j’ai vu… je n’arrive toujours pas à trouver les mots pour le décrire sans sentir ma peau se contracter.

Sur les premières minutes, rien.
Je dors, la pièce est calme.

Puis, à 03:17, tout bascule.

Le miroir, dans le coin de la chambre, vibre légèrement — une oscillation si subtile qu’on pourrait croire à un effet d’optique.
Quelques secondes plus tard, le verre d’eau posé sur la table de nuit avance.
Très lentement.
Avec une précision presque méticuleuse.
Comme si une main invisible le tirait vers le bord, millimètre par millimètre.

Et ensuite… l’impensable.

Mon corps se redresse dans le lit.
Pas un sursaut, pas une réaction de somnambule.
Un mouvement net, contrôlé, d’une douceur terrifiante — comme si quelqu’un m’aidait à m’asseoir en me tenant par les épaules.

Mon visage, lui, reste immobile, endormi, profondément absent.
Je ressemble à une poupée vide.

C’est alors qu’une ombre apparaît dans le champ.
Pas une silhouette humaine : trop fine, trop déformée, trop longue.
Elle se penche vers moi, m’enveloppe presque, et même si aucun contact n’est visible, je vois mon corps réagir, comme si une force silencieuse m’effleurait.

Quand je retombe lentement sur l’oreiller, l’ombre disparaît d’un coup, avalée par l’obscurité.

J’aurais voulu arrêter la vidéo là.
Mais la suite… c’est elle qui m’a brisée.

À 03:48, on me voit me lever.
Les yeux toujours fermés.
Les gestes durs, mécaniques, d’une assurance qui n’a rien à voir avec ma démarche habituelle.

J’ouvre le placard.
Je fouille.
Je déplace, je renverse, je cherche — avec la même précision maniaque que celle que je retrouvais chaque matin dans le chaos de ma chambre.

Et oui… c’était bien moi.
Mais pas moi.

Je retourne au lit.
Je m’allonge.

Et juste avant que la caméra ne s’éteigne, ma tête se tourne d’un coup sec… directement vers l’objectif.
Les yeux clos.
Mais l’expression… mon Dieu.
Une expression qui disait clairement :
Je sais que tu regardes.

Là, une vérité atroce m’a frappée :
si c’était bien moi sur cette vidéo…
alors qui était l’autre présence que je sentais chaque nuit derrière ma porte?

Et surtout — pourquoi utilisait-elle mon corps comme si elle en avait toujours été propriétaire?

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