C’était une journée claire et paisible dans les montagnes du sud-est. Le ciel était bleu, l’air frais, et les sentiers de randonnée résonnaient des rires et des pas des promeneurs venus profiter de la vue. La plateforme d’observation de Roche-Soleil, bâtie à flanc de falaise il y a plus de soixante ans, offrait un panorama spectaculaire sur la vallée en contrebas. C’était un lieu aimé des photographes et des familles.

Vers 14h12, tout a basculé.
Un grondement sourd s’est fait entendre, suivi de légers tremblements. Certains ont cru à un avion de chasse passant trop bas. D’autres, à une explosion lointaine. En quelques secondes, la terre s’est véritablement mise à vibrer. Des rochers se sont détachés du versant, des oiseaux se sont envolés en masse.
Et puis, sans avertissement clair, la plateforme s’est effondrée.
Un craquement sec, puis le fracas de la pierre qui se brise. Sous les yeux de dizaines de visiteurs, la moitié de la structure s’est détachée et a chuté dans le vide, entraînant avec elle plusieurs personnes qui s’y trouvaient à ce moment-là. Des cris ont déchiré le silence. Certains ont tenté d’attraper leurs proches, d’autres ont reculé juste à temps.
Les secours sont arrivés en urgence, par hélicoptère et à pied. Les opérations ont duré des heures, dans un terrain difficile, instable, encore secoué par des répliques. Des survivants ont été extraits des décombres, blessés mais vivants. D’autres n’ont pas eu cette chance.
L’enquête préliminaire a révélé que la structure présentait déjà des signes de fragilité, accentués par une érosion naturelle, des infiltrations d’eau, et un manque d’entretien structurel. Le séisme — faible en magnitude mais proche de l’épicentre — a été la goutte de trop.
Aujourd’hui, un grillage empêche l’accès au site. À la place de l’ancien panneau touristique, une plaque discrète rend hommage aux victimes :
« À ceux qui sont venus chercher la beauté du monde, et l’ont trouvée une dernière fois. »
Et dans les vallées alentour, le vent porte encore l’écho d’un instant où la nature a rappelé que rien, pas même la pierre, n’est éternel.