Dans les profondeurs d’une forêt oubliée du Jura, là où les arbres murmurent aux voyageurs et où le vent semble porter des souvenirs anciens, se cache un petit cimetière abandonné. Pas de croix visibles, pas de pierres gravées — seulement des monticules recouverts de mousse, comme si la nature avait tenté d’effacer ce qui avait été fait.
Les anciens du village évitent cet endroit. Pas par superstition, disent-ils, mais « par respect ». Pourtant, les récits murmurés au coin du feu parlent d’un enterrement qui n’aurait jamais dû avoir lieu… et de loups qui, depuis ce jour-là, ne se comportent plus comme des animaux ordinaires.
Il y a trente ans, un homme est mort dans des circonstances troubles. On disait qu’il avait pactisé avec des forces qu’aucun cœur humain ne devrait approcher. Son corps a été enterré à la lisière du bois, à la hâte, sans cérémonie. La nuit suivante, les hurlements ont commencé. Pas des hurlements de loups… mais de quelque chose d’autre.
Des jours plus tard, les villageois ont retrouvé des empreintes autour de la tombe — trop grandes pour un loup, mais trop animales pour un homme. Et au centre, la terre avait été retournée. La tombe… vide.
Depuis ce jour, les loups de la région rôdent toujours près du cimetière, mais aucun d’eux n’ose traverser le cercle de pierres brisées qui entoure la tombe oubliée. Ils l’encerclent parfois, comme s’ils gardaient quelque chose… ou empêchaient quelqu’un d’en sortir.
Un promeneur égaré, qui s’y est un jour aventuré, a raconté avoir vu des yeux dans le sol, brillants, comme reflétant une lumière qui n’existait pas. Il n’a plus jamais été le même après cette nuit-là.
Aujourd’hui encore, personne ne sait ce qui a été réellement enterré ce jour-là. Était-ce un homme, une bête, ou quelque chose entre les deux ?
Mais une chose est certaine :
Les loups savent.
Et ils n’oublient pas.