Cela devait être une simple randonnée. Rien de risqué, rien d’extrême. Juste une escapade dans les montagnes du Jura, pour s’aérer l’esprit après une rupture difficile. Camille, 31 ans, infirmière de Lyon, voulait juste marcher, respirer, et se reconnecter à la nature.
Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était lui.
Tout avait commencé calmement. Le ciel était clair, le sentier sec, les arbres baignés d’une lumière dorée. Camille marchait seule, casque sur les oreilles, perdue dans sa musique et ses pensées. Elle n’avait croisé personne depuis plus d’une heure.

Puis, au détour d’un virage, elle le vit.
Un ours brun. Énorme. Massif. Et trop proche.
Le sol se déroba presque sous ses pieds. L’animal ne semblait pas l’avoir vue tout de suite, mais lorsqu’elle fit un mouvement brusque pour reculer, ses yeux se tournèrent vers elle.
Panique.
Camille courut sans réfléchir, à travers les branches, les pierres, les ronces. Elle savait que courir face à un ours était déconseillé — mais son corps n’avait pas attendu les conseils. C’était l’instinct de survie pur.
Elle grimpa au premier arbre assez solide qu’elle trouva. Pas très haut, pas très large, mais suffisant pour échapper, du moins le croyait-elle, au danger immédiat.
Mais l’ours ne partit pas.
Il s’approcha. Lentement. Tranquillement. Comme s’il savait qu’elle n’avait plus d’échappatoire.
Et puis… il a commencé à grimper.
Oui. L’ours, immense, lourd, pourtant agile, s’est mis à escalader le tronc. Camille sentait l’arbre trembler sous ses griffes, chaque centimètre qu’il gagnait rapprochait la fin.
Elle n’avait pas de téléphone. Plus de batterie. Pas de réseau ici, de toute façon. Personne ne savait précisément où elle se trouvait.
Alors elle a crié.
De toutes ses forces.
Un seul cri. Puis deux. Puis elle s’est tue, pour écouter. Peut-être un randonneur ? Un miracle ?
Mais ce fut un coup de feu qui brisa le silence.
L’ours s’arrêta net. Un deuxième coup résonna. Il descendit lentement, grogna, et disparut dans la forêt.
Camille resta agrippée à la branche encore dix bonnes minutes, tremblante, le cœur en feu.
C’est un garde forestier — hors service, en balade avec son chien — qui avait entendu les cris et, armé (heureusement), était intervenu juste à temps.
Aujourd’hui, Camille raconte cette histoire en riant, parfois. Mais son rire tremble. Elle n’a plus jamais fait de randonnée seule. Et dans ses cauchemars, elle sent encore l’écorce de l’arbre sous ses ongles, l’haleine chaude du monstre en bas… et les secondes qui la séparaient de la fin.
Un arbre. Un ours. Une femme. Et une vie suspendue à une branche.