Le soleil brûlait l’asphalte et rendait l’air flou. La route 163 traversait une portion vide de désert, bordée de sable rouge et de rochers silencieux. Le lieutenant Thomas Berret roulait lentement, concentré sur le radar de vitesse intégré à son tableau de bord. Il était seul dans sa voiture de patrouille depuis plus de deux heures.

Soudain, un signal sonore retentit. Une berline bleue, visiblement en excès de vitesse, approchait à plus de 115 km/h dans une zone limitée à 90. Berret enclencha les gyrophares et se lança immédiatement à sa poursuite. La voiture s’arrêta sans résistance quelques kilomètres plus loin, à un endroit parfaitement dégagé. Aucun virage, aucune visibilité réduite. Une situation presque idéale pour un contrôle de routine.
Le policier sortit calmement, mit sa casquette, prit son carnet et s’approcha de la voiture arrêtée. Il fit signe au conducteur d’ouvrir la vitre.
« Bonjour monsieur. Vous savez pourquoi je vous arrête ? » demanda-t-il, d’un ton neutre mais professionnel.
Le conducteur, un homme d’une quarantaine d’années, semblait coopératif. Il tendit lentement ses papiers. Tout allait bien. Jusqu’à ce qu’un bruit sourd, lointain mais rapide, surgisse à l’horizon.
Une camionnette noire arrivait à une vitesse hallucinante, phares allumés, déviant légèrement sur la droite. Berret n’eut pas le temps de réagir. En une seconde à peine, il fut percuté de plein fouet par le véhicule lancé à plus de 130 km/h.
Son corps fut projeté contre le capot de la voiture qu’il venait de contrôler, puis au sol, où il s’écrasa lourdement. La scène dura moins de trois secondes. L’homme au volant de la berline cria, saisi d’horreur. La camionnette continua sa route sur encore une centaine de mètres avant de faire une embardée et de s’écraser contre une butte rocheuse.
Silence.
Le désert était à nouveau immobile, mais la route était tâchée de sang et de métal déchiré. Le conducteur de la camionnette, un jeune homme de 26 ans, aurait, selon les premiers rapports, perdu le contrôle après s’être assoupi au volant. Il n’avait pas vu les gyrophares. Il n’avait vu personne.
Thomas Berret, miraculeusement, survécut. Transporté par hélicoptère vers l’hôpital de Flagstaff, il resta plusieurs jours dans le coma avant de reprendre connaissance. Ses jours n’étaient plus en danger, mais il garderait des séquelles physiques et neurologiques pour le reste de sa vie.
L’accident fit le tour des médias locaux. Les images de la caméra embarquée montraient la violence du choc, l’instant précis où une simple opération de routine se transforma en cauchemar. Le préfet de l’Arizona déclara publiquement :
« Ce drame nous rappelle à quel point chaque intervention peut être mortelle, même sur une route vide, même en plein jour. »
Depuis, des panneaux supplémentaires ont été installés dans cette zone désertique, et une proposition de loi a été déposée pour imposer un ralentissement obligatoire à tout conducteur approchant un véhicule de police immobilisé.
Mais dans le désert, il suffit d’une seconde… pour que tout bascule.