Elles étaient nées avec un crâne à elles deux. Et pourtant, les médecins ont osé l’impossible…

À la naissance d’Erwin et Previn – deux petites filles jointes par la tête –, les médecins se sont figés un instant. Devant eux se dressaient à la fois un miracle et une tragédie. Les jumelles partageaient un crâne, des vaisseaux sanguins soudés et une partie du cerveau. Personne ne pouvait dire avec certitude si elles survivraient, ne serait-ce qu’au premier mois. Mais la vie, comme souvent, allait à l’encontre des pronostics.

La première année s’est déroulée au milieu du bruit des machines, des pas silencieux dans l’unité de soins intensifs, des peurs qui tenaient leurs parents éveillés. Chaque mouvement de l’infirmière, chaque scintillement de l’écran – tout comptait. Et pourtant, les filles grandissaient. Elles riaient, essayaient de bouger leurs mains et babillaient – ​​chacune à leur manière, ensemble. C’était comme si un canal invisible existait entre elles : si l’une pleurait, l’autre fronçait les sourcils ; si l’une riait, l’autre se mettait à glousser, sans savoir pourquoi.

À leur premier anniversaire, des médecins de Mumbai organisèrent une consultation. La décision de séparer les sœurs semblait insensée. L’un des chirurgiens déclara : « Ce n’est pas une opération. C’est une partie d’échecs avec la vie. »

Un autre répondit : « Mais si nous ne jouons pas, elles ne connaîtront jamais ce que c’est que d’être elles-mêmes. »

Les préparatifs durèrent des mois. Des centaines d’images, des modélisations de crânes, des consultations avec des neurologues, des chirurgiens vasculaires et des chirurgiens plasticiens. Chaque étape était calculée, comme une marche dans un champ de mines : où tracer la ligne d’incision, comment sectionner la veine commune, quelle partie du cerveau pouvait être préservée pour les deux. Une erreur de millimètre, et tout était fini.

La première opération eut lieu en octobre 2018. Les médecins ne séparèrent que partiellement les vaisseaux pour laisser à leur corps le temps de s’adapter. Les fillettes restèrent sous anesthésie pendant douze heures. Leurs parents restèrent assis dans le couloir, main dans la main. Le lendemain, leur mère osa regarder dans la pièce pour la première fois, et elle fondit en larmes. Non pas par peur, mais par gratitude. Elles étaient en vie.

En novembre, une deuxième opération a suivi, plus risquée. Les filles étaient presque complètement séparées, mais leurs crânes partageaient encore une structure commune. Une fine cloison les séparait, tel le dernier fil du destin, les empêchant de se séparer.

Février 2019 fut le mois où les médecins franchirent la dernière étape. L’opération finale dura 30 heures. Lorsque le chirurgien retira enfin ses gants, la pièce était silencieuse. Il dit simplement :
« Ils sont deux maintenant.»

Les parents n’y crurent pas au début. Les filles furent placées dans des lits séparés et, pour la première fois en deux ans, elles dormirent séparément. La mère raconta plus tard que l’une d’elles s’était réveillée pendant la nuit et avait doucement appelé sa sœur ; le berceau inhabituellement vide à côté d’elle l’effrayait. Mais au matin, leurs regards se croisèrent. Et sourirent.

La séparation fut un succès, mais non sans conséquences. L’une des filles souffre d’une paralysie partielle du côté gauche, l’autre de troubles de la parole et de la mémoire. Elles réapprennent à s’asseoir, à marcher et à parler. Leurs cerveaux, telle une boussole, cherchent à nouveau leur voie. Mais leur lien n’a pas disparu : lorsque l’une tombe pendant la rééducation, l’autre, pour une raison inconnue, fronce le nez et lève la main, comme pour l’aider.

Peut-on dire que les médecins ont vaincu la nature ? Ou l’ont-ils simplement aidée à trouver un nouveau chemin ?
Nul ne le sait. Mais une chose est sûre : ces filles sont nées ensemble pour une raison. Peut-être pour nous rappeler à tous : le miracle ne réside pas dans le fait d’être inséparables. Le miracle réside dans le fait de se séparer sans se perdre.

Elles vivent maintenant en Inde, en convalescence et font déjà leurs premiers pas vers la vie. Les journalistes demandent parfois à leur mère si elle regrette d’avoir accepté l’opération. Elle répond toujours la même chose :
« Je n’ai pas choisi entre elles. Je leur ai simplement donné la chance de choisir.»

Et quand vous voyez l’une des filles tendre doucement la main pour aider l’autre à se lever après le cours, vous comprenez soudain : leur histoire ne parle pas de séparation, mais de la façon dont deux cœurs ont appris à battre à l’unisson, même s’il y a maintenant de l’espace entre eux.

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