Empreintes de pas qui n’appartiennent à personne : des pas figés dans la pierre et la mémoire du monde

…À l’aube, alors que l’air du Mpumalanga embaume encore la rosée et le fer, un rayon de soleil glisse sur la pente d’une ancienne falaise. Et soudain, vous voyez – non pas une fissure, ni une entaille, mais une empreinte. Immense. Humaine. Comme si quelqu’un de gigantesque avait marché ici hier, laissant une empreinte dans la pierre. Impossible ? C’est précisément pourquoi il est impossible de la quitter des yeux.

Près d’un mètre vingt de long, le pied parfaitement formé, les orteils définis, la voûte plantaire. Les géologues disent : érosion, hasard, illusion d’optique. Mais le cœur résiste à la logique. Après tout, il existe des dizaines de « coïncidences » de ce genre à travers le monde.

En Thaïlande, dans la province de Chiang Mai, des moines conduisent les pèlerins vers des empreintes qu’ils croient être celles d’un ancêtre. Au Mexique, à un kilomètre et demi d’altitude, des empreintes de pieds nus semblent gravir la falaise, vers le ciel. En Bolivie, à Toratore, on trouve une empreinte de la taille d’une voiture. Et en Inde, au pied d’un temple, deux empreintes gigantesques attribuées à Vishnu lui-même. Certains y croient. D’autres mesurent à la règle. D’autres encore restent muets : les lignes sont trop précises, les courbes trop vives.

« C’est un jeu d’eau et de vent », dit le professeur de géologie.
« Et sinon ?» je demande.
Il sourit sans répondre. Trop de secrets se cachent sous la couche calcaire.

Parfois, la science est comme une fenêtre fermée : elle laisse entrer la lumière, mais pas l’air frais. Après tout, si l’on admet que ces empreintes pourraient avoir été laissées par des créatures, qui étaient-elles ? Des humains anciens de stature colossale ? Ou les mythiques « fils de Dieu » mentionnés dans le Livre d’Hénoch ? Peut-être s’agit-il simplement d’un symbole, comme une signature laissée par le temps ?

Les sceptiques sont certains : c’est le résultat de l’érosion, une « farcissement » de la nature. Mais certaines empreintes sont trop symétriques, comme si quelqu’un avait réellement marché, écrasant la roche avec une force incroyable. On ressent même une certaine pression : l’empreinte est plus profonde précisément là où un pied porterait normalement son poids. Comment le vent peut-il expliquer cela ?

Peut-être que tout est à propos de nous. Nous ne supportons pas l’incertitude. Nous devons tout mesurer, tout cataloguer et tout expliquer. Et le monde est têtu. Il laisse des cicatrices sur la pierre pour nous rappeler que tout n’est pas fait pour être compris.

Je me tiens devant cette empreinte, mes orteils effleurant la surface froide. Elle est lisse comme du verre et sent la pluie. Depuis combien de millions d’années repose-t-elle là ? Combien d’yeux l’ont-ils contemplée avant moi ? Peut-être n’est-ce pas une empreinte. Peut-être n’est-ce pas l’empreinte d’un pied, mais celle d’une pensée, figée dans le granit ?

Le silence dans les montagnes est si épais qu’on entend la roche craquer sous l’effet du changement de température. Il semble, en tendant l’oreille, entendre l’écho d’un pas – non pas humain, mais très familier. Après tout, chacun de nous laisse une trace. Elle n’est simplement pas toujours gravée dans le sol.

… Et soudain, une pensée : et si toutes ces « empreintes titanesques » ne concernaient pas le passé, mais nous-mêmes ? Non pas un rappel des géants, mais un avertissement : chaque pas peut devenir éternel s’il est fait avec détermination.

Les premiers rayons du soleil effleurent l’empreinte, et elle scintille d’or.
La pierre est silencieuse, mais elle semble dire :
Souviens-toi : qui que tu sois, la terre se souvient de tout.

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