Une roche a été découverte sur Mars, et elle semble y avoir été déposée intentionnellement. Mais par qui ?

Elle se dresse là, comme en attente. Une dalle solitaire dans le désert rouge, sculptée par le vent en lignes droites, en équilibre sur trois minuscules cailloux. L’image prise par le rover a circulé sur Internet en moins de 24 heures. Les internautes ne se contentaient pas de la regarder ; ils débattaient. Certains écrivaient : « C’est de l’érosion, rien d’inhabituel.» D’autres s’exclamaient : « Regardez ! Le bord est parfaitement lisse, comme découpé au laser.»

J’ai regardé la photo et je ne comprenais pas pourquoi elle était si troublante. Ce n’était qu’une roche. Rougeâtre, carrée, abandonnée au milieu de nulle part. Mais elle dégageait… une présence. Comme si quelqu’un était passé par là. Comme si une main, il y a longtemps, l’avait ramassée et déposée là.

Tandis que certains émettaient des hypothèses, les scientifiques restaient calmes.

« L’érosion, expliqua un géologue de la NASA, les vents sur Mars sont plus forts qu’on ne le pense.» Les variations de température fracturent la roche, le sable la polit en arêtes parfaites.

« Et l’équilibre parfait ? » demandèrent les journalistes.

Il haussa les épaules : « Une coïncidence, mais une belle coïncidence. »

Et pourtant… le hasard peut-il jamais être aussi esthétiquement plaisant ?

Je me suis souvenu de mon enfance, quand j’empilais des pierres plates sur la rive jusqu’à ce que la tour s’écroule. L’équilibre n’est pas qu’une question de physique. C’est l’instant où tout s’aligne : le poids, l’angle, le souffle. Peut-être Mars a-t-elle simplement capturé un moment d’équilibre qui nous semblait significatif ?

Mais c’est là le paradoxe. Nous ne pouvons nous empêcher de chercher du sens. Même dans un grain de sable. Même dans une fissure sur une planète extraterrestre. Car lorsque nous regardons cette pierre, nous ne voyons pas de la géologie, nous nous voyons nous-mêmes. Notre désir de croire que tout n’est pas dû au hasard dans ce monde froid.

Une semaine plus tard, l’image fut analysée en détail : les données spectrales confirmèrent que la roche est basaltique, sans trace de traitement. Le constat scientifique est fait. Mais à l’intérieur… rien. Là où naissent les mythes, aucun spectromètre ne fonctionne.

« Alors, personne ne l’a mise là ? » demanda mon ami.

« Personne », répondis-je.

Il rit doucement. « Ou alors quelqu’un qu’on ne connaît pas encore. »

Et soudain, je compris : cette histoire ne parle pas de Mars. Elle parle de nous. De la difficulté à accepter que la beauté puisse être accidentelle, que l’ordre puisse émerger du chaos sans que personne n’y soit pour rien.

La photo a depuis longtemps disparu des fils d’actualité. Mais parfois, quand je vois un verre parfaitement posé sur le bord d’une table ou un oiseau planant dans les airs, je repense à cette dalle.

Elle se dresse là où personne ne l’a jamais posée.

Et pourtant, elle est là.

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