Là où hier mon corps m’obéissait sans broncher, aujourd’hui, il émet soudain son premier signal discret…

C’est ainsi que commence le moment où, debout devant le miroir après la douche, je remarque une zone sèche sur mon bras. Elle ne me fait pas mal, ne me démange pas, elle est juste là – un rappel inattendu que le temps nous change plus lentement qu’on ne le croit, mais avec une précision infinie. Et c’est précisément par de tels détails que débute un voyage dont personne ne parle.

Au début, je pense que c’est simplement dû au temps. L’air s’était refroidi, la maison s’était réchauffée, ma peau était devenue plus capricieuse. Mais cette étrangeté persiste après une semaine ou deux, et je me surprends à me demander : et si mon corps était vraiment entré dans une nouvelle phase ? C’est étrange à admettre, mais n’avons-nous pas parfois tendance à ignorer l’évidence ? Ma peau était devenue plus sèche qu’avant, plus rugueuse, plus fine. Je passe le doigt sur mon poignet et j’entends un léger bruissement – ​​comme du papier qui frotte contre du papier. Le son devient soudain strident, comme pour dire : « Regarde de plus près. »

Le deuxième signe est apparu discrètement, presque imperceptiblement : dans le miroir, j’ai soudain réalisé que mes sourcils s’étaient affinés. Pas de façon spectaculaire, pas frappante, mais suffisamment pour me faire réfléchir. Mes cils, autrefois épais, semblaient fatigués. C’est étrange comme de si petites choses affectent non pas mon apparence, mais la perception que j’ai de moi-même. J’ai demandé à un ami : « Tu ne trouves pas que j’ai changé ? » Il m’a répondu : « Tu travailles beaucoup, c’est tout. » Peut-être. Ou peut-être que le travail n’est qu’un prétexte pour que le corps garde la notion du temps. Et à bien y réfléchir : le sommeil, le stress et le rythme de la journée ne laissent-ils pas leur empreinte plus vite que les années ?

Le troisième signe ne m’a pas touchée, mais une personne proche de moi : un cycle irrégulier, apparu soudainement, qui m’a obligée à chercher une explication. Elle en a parlé presque à voix basse, comme si elle pesait ses mots, craignant de se l’avouer à elle-même : « Sans doute les hormones. » Ou simplement de la fatigue. Mais la fatigue pouvait-elle vraiment perturber à ce point le rythme du corps ? La conversation fut plus courte que prévu, mais teintée d’anxiété – celle qui surgit lorsque le corps cesse d’obéir à ses règles habituelles. Le changement a tendance à rester silencieux jusqu’à ce qu’on commence à l’entendre.

Le quatrième signe apparut dans mes muscles. Monter les escaliers, d’habitude si simple, me rappela soudain la lourdeur de mes jambes. J’étais surprise : auparavant, cela me paraissait anodin. « Étrange », me dis-je. « Ça va passer », me répondit une voix intérieure. Mais en réalité, la faiblesse physique survient rarement brutalement. Elle s’installe progressivement – ​​comme un brouillard d’abord à peine perceptible, puis qui, soudain, masque la rive au loin. Et je me demandai : peut-on se sentir plus vieux que son âge simplement parce qu’on a cessé d’écouter son corps ?

Le cinquième signe fut le plus déconcertant : mes cheveux. Ils collaient de plus en plus à ma brosse. Au début, je mis cela sur le compte de la saison, du climat, du shampoing. Mais n’aimons-nous pas tous trouver des excuses ? Est-ce que ça nous fait peur ? Un matin, je me suis simplement arrêtée et j’ai regardé la mèche de cheveux que je tenais dans ma main. Elle était légère, presque impalpable, mais d’une manière ou d’une autre, ce fut le moment où je dus me rendre à l’évidence. « Tu le remarques aussi ? » ai-je demandé. « Parfois », ai-je entendu en réponse. Et ces deux petits mots sonnèrent plus révélateurs que n’importe quelle longue conversation.

Et puis vint le moment où tout s’est éclairé. Je me tenais dans le couloir faiblement éclairé, à l’écoute de ma respiration, essayant de comprendre ce qui était le plus troublant : les changements eux-mêmes ou le fait qu’ils se produisaient si discrètement. Je voulais terminer ma phrase, mais quelque chose en moi l’interrompit, comme si mon corps murmurait : « Regarde de plus près… »

Et alors j’ai compris l’essentiel : ces tout premiers signes ne font pas peur, ils rappellent. Non pas l’âge, non pas la perte de la jeunesse, mais le fait que le corps est un journal intime vivant, qui inscrit la vérité par des traits précis, presque imperceptibles. Et, revenant à cette même mèche sèche sur ma main, je ne voyais plus… Cela suscite de l’anxiété, mais c’est le début d’une conversation qui aurait dû commencer depuis longtemps.

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